Le deuil de la famille "parfaite"
Depuis aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours rêvé de la vie de famille ''parfaite''.
Tu sais, celle qu’on voit dans les films, dans les publicités, dans les beaux albums photo. (Bon, je ne le savais pas à l’époque, mais c'était surtout un rêve que la société m'avait glissé doucement dans la tête.)
Une maison. Deux enfants. Une balançoire dans la cour. Un mari attentionné. Une carrière. Des vacances. Une vie bien rangée. Bien propre. Bien droite.
Tu vois le portrait?
Mais la vie… la vraie… elle a déposé autre chose sur mon chemin.
Et quand j’ai compris que je n’aurais pas cette famille-là, que mon histoire ne ressemblerait pas à celle que j’avais idéalisée… ça a été une immense claque.
Un deuil. Un vrai deuil. Celui de la famille « parfaite » que je m’étais fabriquée dans ma tête depuis l’enfance.
Moi, maman séparée à 37 ans, je l’ai vécu comme un énorme échec .
Je croyais avoir échoué ma famille.
Je me voyais comme celle qui n’avait pas réussi, celle qui n’était pas capable de faire comme tout le monde.
Je me sentais seule, coupable, différente. Comme si je portais sur mon front une étiquette de « loser».
Et le plus dur, c’est que ça ne m’est pas arrivé qu’une fois. J’ai vécu deux séparations.
Deux fois, j’ai vu mon monde s’écrouler. Deux fois, j’ai dû me relever. Deux fois, j’ai dû regarder mes rêves s'effondrer et tenter de rassembler les morceaux.
Tout ce que j'avais tant souhaité, tout ce que j’avais imaginé, pouf!… ça s’est envolé.
J’ai dû réapprendre à vivre, seule avec moi-même, avec mes deux filles.
Mais ce n'était pas un vrai « recommencement à zéro », parce qu’on ne repart jamais vraiment à zéro quand on a des enfants.
Je devais me reconstruire, oui. Mais en portant, chaque jour, leur quotidien sur mes épaules.
Et tu sais quoi? Ce qui m’a le plus rongée, c’est la culpabilité.
Je m’en suis tellement voulu.
Je m'en voulais de ne pas avoir su « réussir » ce modèle de famille. Je m’en voulais pour mes filles. Je m’en voulais pour leurs papas.
Et pourtant… malgré la séparation, les papas de mes filles ont une place précieuse dans mon cœur.
Je les ai choisis.
Je les ai choisis, sincèrement, pour être leurs pères. Et même si nos chemins de couple se sont séparés, ils restent des piliers importants dans ma vie et celles de mes enfants.
Un jour, il a bien fallu que je me choisisse. Que je me redresse. Que je prenne une profonde respiration et que j’accepte de redessiner ma propre vision de la famille.
Que je cesse de voir cette histoire comme un échec, mais que je la regarde plutôt comme un chemin différent. Comme une opportunité de réapprendre, autrement.
La coparentalité, ce n’est pas toujours simple.
C’est beaucoup de conversations, parfois inconfortables.
C’est beaucoup d’ouvertures, de remises en question, d’efforts pour rester bienveillant quand c’est plus facile de se refermer.
C’est choisir, encore et encore, de mettre nos enfants au centre.
Parce que ce qui nous unit, au fond, c’est toujours l’amour.
Ça a commencé par de l’amour, et cet amour-là, il est encore là.
Il est juste différent. Il a changé de forme, mais pas de profondeur.
Aujourd’hui, je peux le dire : je suis fière.
Fière du chemin parcouru. Fière des montagnes que j’ai grimpées. Fière de ce qu’on a construit, ensemble.
Mes filles sont entourées. Elles sont aimées.
Elles n’ont pas une famille brisée.
Elles ont une famille qui nous ressemble : une famille respectueuse, attentive, ouverte, aimante.
C’est une chance inestimable de savoir que les papas de mes filles sont là, engagés et profondément aimants.
Et j’ai aussi la chance que dans leur vie, il y ait une belle-maman merveilleuse. Une femme attentionnée, douce et aimante.
Ensemble, nous formons une équipe. Une vraie. Une équipe qui s’est choisie pour ce qui compte vraiment : le bonheur et le bien-être de nos enfants.
Finalement, peut-être que c’est ça, la vraie famille parfaite :
Celle qu’on construit avec le cœur.
Celle qu’on bâtit, même quand le chemin n’est pas celui qu’on avait prévu.
Celle qui nous ressemble, vraiment.
Aujourd’hui, je comprends que la perfection, ce n’est pas dans les cadres rigides ou les images toutes faites.
La perfection, elle se trouve dans ce qu’on construit avec le cœur, dans les liens sincères, dans les chemins qu’on apprend à tracer autrement.
Ma famille n’est pas celle que j’avais rêvée.
Elle est devenue celle dont j’avais profondément besoin.
Elle est vraie, elle est douce, elle est à notre image.
Je n’ai pas échoué.
J’ai évolué.
J’ai choisi l’amour, sous une autre forme. J’ai choisi l’équilibre, la paix et la tendresse.
J’ai choisi une famille qui respire la bienveillance.
Et si c’était ça, au fond, la vraie victoire?
Créer une famille qui nous ressemble. Une famille dans laquelle chacun se sent aimé, accueilli, et à sa place.
Je regarde mes filles, et je sais qu’elles ne viennent pas d’une famille brisée.
Elles grandissent dans une famille tissée d’amour, de respect et de présence.
Et ça… c’est précieux.
Cybel
Ajouter un commentaire
Commentaires
🖤🖤🖤